L' « intelligence collective » est un phénomène qui émerge d'une population ou d'un groupe de personnes ou d'animaux, voire d'organismes unicellulaires ou d'objets comme des programmes informatiques.
Elle décrit l'apparition de capacités ou de propriétés nouvelles qui ne sont pas compréhensibles au niveau des individus mais permettent cependant une adaptation ou une activité efficace du groupe.
Par exemple :
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Je ramasse une pierre et l'empile sur une autre. Chaque cellule de mon corps et chaque atome de la pierre respectent les lois physiques qui leur sont propres.
Pourtant, le fait que la pierre arrive sur l'autre pierre n'est explicable qu'à partir de la prise en compte globale du système individu + pierre.
Il parait évident que les lois physiques sont respectées dans l'événement, mais n'explique pas l'événement.
A ce stade, je peux toujours dire que statistiquement, la chance n'est strictement nulle que l'ensemble des fibres musculaires portent une piere et la pose sur une autre... ! Ce n'est ni explicatif et encore moins quand il s'agit de la construction entière d'une maison, voire... d'un lotissement par un groupe de personnes !
Ces comportements et ces capacités d'adaptation à l'environnement, ces propriétés globales se développent sans que les individus (dans l'exemple, les cellules ou les atomes) aient l'information suffisante pour l'orienter par leur volonté personnelle.
C'est globalement que l'organisme – puisqu'on peut voir ainsi le groupe - acquiert des propriétés qu'aucun individu ne possède. Fait remarquable dans ce phénomène, des règles individuelles très simples provoquent et modulent très finement ces comportements collectifs.
Or, cette apparition de nouveaux comportements se produit également dans les groupes humains !
Les caractéristiques de l'intelligence collective
Pour ne pas parler de n'importe quoi, et ne pas tout mettre dans le même sac, nous donnons ici quelques conditions nécessaires pour parler d'intelligence collective :
- L'organisme qui manifeste une intelligence collective est constitué d'une multitude d'acteurs
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semblables (pas forcément identiques)
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sans hiérarchie (mais peut-être avec des rôles spécifiques)
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au moins sensibles à leur voisinage
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Le comportement de l'organisme ne s'explique ou ne se justifie que par la prise en compte du système complet.
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Les éléments n'ont pas un objectif individuel mais sont mus par un tropisme commun, une attirance globale plus ou moins claire.
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Chaque individu procède à des petites tâches
- Il n'y a pas de contrainte de temps
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La transparence est complète sur le travail accompli ou à faire mais les acteurs n'ont principalement de connaissance que du voisinage
Les conséquences de l'intelligence collective
Ces simples règles sont par exemple celles appliquées dans Wikipedia. Par exemple, la règle paradoxale de ne pas écrire un point de vue personnel ou un travail personnel peut sembler imposer la négation de l'intelligence individuelle. Pourtant, c'est une manière de mettre en oeuvre le fait que les acteurs ne doivent pas influencer le fonctionnement de l'ensemble par leur conscience propre.
Et paradoxalement, cela fonctionne !
Du fait de l'application de ces règles simples, il nait :
- une capacité adaptative et une résilience très forte provenant de l'absence de hiérarchie remplacée par un tropisme général vers une bonne qualité de résultat (souplesse)
- un changement pérpétuel du système même si l'environnement est stable
- une multitude de réponses correctes possibles et donc de configurations résultantes
- un emboitement permanent de la taille des projets
La construction ou le travail réalisé dépasse l'entendement que chaque acteur avait du projet. Ce phénomène est donc particulièrement adapté pour traiter des environnements complexes ou évolutifs.
Différences entre intelligence collective et management de projet standard
1. Management de projet standard (modèle hiérarchique)
Dans un système hiérarchisé, la décision et l'objectif sont le propre d'un individu qui est donc censé avoir la compréhension complète du problème à résoudre et de la solution à apporter. La hiérarchie impose que, même préparée par une équipe, la solution soit décomposée en une multitude de petites tâches simples complètement imbriquées et dépendantes les unes des autres.
Les outils employés seront donc :
- une décomposition du problèmes en parties simples significatives et expliquées
- un algorithme de montage de la solution définitive
- un diagramme de temps et de délais
- une chaine d'ordres et de rôles préfdéfinis
- un contrôle et une correction des écarts soit finals soit au long du processus
On voit donc apparaitre des notions de :
- flux tendu
- diagramme de Gantt
- planning PERT et diagramme de tâches
- ordres et sanctions
- chronométrage et impatience
- hiérarchie et droits spécifiques
- algorithmes et règles multiples, lois nombreuses, etc
- fonctionnement sur la méfiance et le contrôle
Aujourd'hui on connait les limites rencontrées par ce type d'organisation :
- démotivation et déresponsabilsation
- stress
- absence de prise en compte des changements d'environnement
- lenteur de réaction aux erreurs et incidents
- lourdeur de la gestion globale et abondance des tâches de management
2. Modèle de l'ntelligence collective
Dans le cas de l'intelligence collective, ces notions sont remplacées par :
- liberté complète d'entreprendre ou non, de participer ou non
- asynchronisme des tâches
- possibilité de commencer, interrompre, abandonner une tâche à tout moment
- perception qualitative d'un progrès vers une bonne solution
- transparence générale des tâches et absence de droits fermés
- dissociation entre le temps individuel et le temps collectif
- confiance générale dans le fonctionnement du système
Même si ce modèle n'est pas utilisable dans toutes les circonstances, on constate qu'il est finalement très généralisable. Les apports sont notamment :
- une bonne réactivité aux changements d'environement
- une motivation des acteurs impliqués
- une baisse du stress individuel
- une productivité plus grande
- une prise en compte très rapide des problèmes et des incidents
Applications et exemples
Quelques exemples dans le monde non humain :
- la maintenance d'une fourmilière, d'une termitière ou d'une ruche
- comportemetn d'un vol d'étourneaux o d'un banc de poissons
- fonctionnement des organites dans une cellule
- fonctionnement des neurones dans la vision, l'intelligence, etc
Dans le cadre de l'humanité, certains phénomènes sont, semble-t-il, du ressort de l'intelligence collective :
- la démographie
- l'urbanisation des grandes villes
- le développement d'Internet, de Linux ou de Wikipedia
- l'invention de l'écriture
Caractéristiques de l'intelligence collective humaine
Du fait de sa conscience de l'objectif à atteindre et de ses appartenances, la notion d'intelligence collective avec des hommes n'est probablement pas exactement la même qu'avec des objets ou des animaux.
En particulier, notre capacité de modéliser nous permet, au moins a posteriori, de découvrir et d'analyser les résultats obtenus. Cela renforce l'impact des objectifs sur le comportement individuel.
D'autre part, l'être humain - au moins aujourd'hui - n'est pas social par lui-même : son groupe d'appartenance est plutôt de petite taille. Il y a donc un conflit récurrent entre l'objectif individuel, celui du petit groupe d'appartenance et le groups flou global qu'est l' "Humanité".
Enfin, notre immanse capacité de capitalisation individuelle et collective nous rend peu à peu autonomes et malléables par rapport à des acquis et des conditionnements antérieurs. Nous sommes en permanence capables de nous reprogrammer.
Toutes ces nouvelles caractéristiques nous introduisent à un modèle d'intelligence collective nouveau.
Notre compréhension de l'intelligence collective physique ou animale est déjà balbutiante et récente. Celle de l'Humanité est loin d'être établie !
Mais c'est une raison de plus pour l'explorer vu la qualité des résultats déjà obtenus.
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